mardi 27 janvier 2015

Siècle d'or

C'est en 1870 que l'Académie royale espagnole officialise l'hypothèse selon laquelle le grand écrivain Miguel de Cervantes Saavedra aurait bel et bien été enterré le 23 avril 1616 au couvent de las Trinitarias Descalzas de San Ildefonso de la rue Cantarranas, désormais rue Lope de Vega, en plein coeur du quartier de las Huertas de Madrid, communément nommé (Barrio de Las) Letras (Quartier des Lettres). 
Quelques années plus tard, plus précisément samedi dernier, après 9 mois de fouilles, étaient découverts quelques morceaux de ce qui pourrait être le cercueil du Manchot de Lepante ; les initiales MC formées par une poignée de punaises permettant d'accréditer fortement cette nouvelle. 
On estime que plusieurs dizaines de dépouilles ont été enfouies au fil du temps dans la crypte de ce couvent. Ce n'est pas encore demain que l'on pourra certifier avec exactitude avoir retrouvé celle de l'auteur des Nouvelles exemplaires.

Selon les archives de l'Académie, Cervantes avait demandé que son corps soit inhumé ou transféré au couvent voisin de son domicile dont les Soeurs étaient protégées par le conte de Lemos, dédicataire du Quichotte.
Bien entendu, dans un pays en crise, certains esprits lumineux s'indignent de voir la somme de 100 000 euros dépensée pour mener à bien cette recherche 400 ans après le discret enterrement du maître. « C'est un personnage d'envergure mondiale, et au fond, toute l'humanité lui est redevable, se défend Fernando de Pardo, historien dirigeant les recherches. Nous avons l'opportunité et disposons de la technologie capable de retrouver ces restes. Il nous a tant donné, nous allons au moins tenter de faire quelque chose pour pouvoir inscrire son nom sur une plaque pour la différencier d'une tombe anonyme ». Considéré aujourd'hui comme le père du roman moderne, Miguel de Cervantes naît le 29 septembre 1547 à Alcala de Henares, à quelques kilomètres de Madrid, et meurt dans la misère à Madrid en 1616, un an après la publication du deuxième tome des aventures du fameux hidalgo.  
Curieux destin parfois que celui de l'écrivain. Loué de son vivant, accédant à tous les honneurs, son nom peut sombrer dans l'oubli quelques années à peine après sa disparition. Et, au contraire, il peut très bien tirer toute sa vie le diable par la queue, mourir dans l'indifférence générale, et être "réhabilité" par les générations suivantes. Je repense à Roger Rudigoz, dont je viens de finir les deux précieux volumes du journal et à cette note :  « Ecrire ! Ecrire ! Je suis un déchu, un vaincu, un maudit. Tout ce que je fais se retourne contre moi. Tous les objets me sautent dessus. Mais quand j'écris, je me réhabilite, je me sauve, je suis de nouveau un homme pareil à tous les hommes. Pourtant, les hommes me méprisent parce que j'écris... »
Visuel de la nouvelle tentative de Terry Gilliam...

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