samedi 24 janvier 2015

La république brûle-t-elle ?

Ce matin, en descendant du bus me conduisant au boulot, pris pour cause de verglas, je suis passé devant un panneau municipal proposant une série d'infos sous forme d'affiches. L'une d'elles était particulièrement édifiante. Je regrette de ne pas posséder de smartphone dans ces cas-là.
J'ignore l'origine de cette campagne. J'ai cherché sur le site de la ville, mais je ne l'ai pas retrouvée. Trop ancienne certainement. Elle concernait les fêtes de fin d'année. Le slogan Offrons un Noël pour ceux qui n'en ont pas était illustré par deux personnages : une femme et un jeune garçon. La femme était placée derrière le gamin et avait passé les bras autour de ses épaules. Elle était blonde, il était noir. La femme aryenne et le môme qu'a rien. 
J'imagine qu'à notre époque ça ne choque pas grand-monde. S'il est vrai que certaines familles immigrées ont du mal à joindre les deux bouts et se privent de vacances et de cadeaux à Noël, ne donner de la pauvreté que cette image-là me posait question sur le chemin glissant me menant au bureau. Un, on peut être noir sans être immigré, les Antilles jusqu'à nouvel ordre sont françaises. Et deux, surtout, penser, décider que la paupérisation de notre société ne concerne que les immigrés est un raisonnement assez commode, un raccourci facile, un réel manque de connaissance de la réalité sociale ou simplement, une belle désinformation, pour ne pas dire un gros mensonge. Cela rejoint, en quelque sorte, la croyance communément admise que tous les actes d'incivilité sont commis, dans nos banlieues et ailleurs, par les immigrés et les enfants d'immigrés.
Je pense tout de même qu'il s'agit d'une pub fabriquée par cette ville résidentielle, tenue depuis plus de cinquante ans par une dynastie ultra-conservatrice - avec juste une courte parenthèse socialiste, ce qui ne veut pas dire grand-chose, on en conviendra. Je vérifierai ce soir en reprenant le bus, mais j'en suis quasiment certain. Dans le cas contraire, s'il s'agissait d'une campagne nationale, cela signifierait que notre pays va vraiment mal, et ça, je ne peux pas le croire. J'en veux pour preuve l'annonce faite, aujourd'hui même, que le numéro des "survivants de Charlie Hebdo" sera finalement tiré au-delà des 7 millions d'exemplaires prévus...

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