vendredi 16 janvier 2015

Au cinéma ce soir

Dans le monde d'avant, une émission de télévision a contribué à me faire aimer le cinéma. Les reportages étaient tournés en pellicule, les séquences avaient la durée d'une bobine 16 mm., peu de montage, donc de manipulation, de censure, de pensée politiquement correcte. C'était avant les making-of javelisés. Je me souviens avoir vu ce numéro de Cinéma, cinémas. Je me demande si j'ai bien saisi alors la chance qui était la mienne. 
Ici, Pialat joue un peu à Pialat devant les caméras, Depardieu est intenable, comme toujours, mais tous deux se montrent généreux, attentionnés, déconneurs, loin de l'image d'eux colportée par la doxa. Loin aussi, Pialat, de tous ces réalisateurs d'aujourd'hui, casque sur les oreilles et yeux fixés sur le moniteur, coupés des hommes et des femmes qu'ils dirigent. Pialat se tient au milieu de son équipe, s'efface, bouscule les autres quand ça ronronne, se fout du bruit pendant les prises, attend la vie et surtout savoure. Depardieu est un monstre, on le sait, mais pas que pour son physique. Il l'est car naturel, spontané, ingénu parfois, dans une certaine vérité, sincère, bosseur, un gamin d'une présence magnifique. 
A l'heure de la soupe médiatique quotidienne, sans saveur et seule soucieuse du SAV selon les clauses de contrat des VRP, revoir ces images permet de mesurer ce que l'on a perdu. 




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