lundi 24 novembre 2014

Pourquoi tant de haine ?

Je n'ai pas lu le livre de Valérie Trierweiler. Je dois googliser cette dame pour trouver la bonne orthographe de son patronyme. J'ai tout juste survolé les papiers concernant Merci pour ce moment et trouvé quelques extraits dévoilés par la toile début septembre. Le terme « sans-dents » employé par notre François national et socialiste pour désigner la plèbe m'a choqué, mais pas surpris. Un mépris de classe semblable à celui d'un Sarkozy ou d'un Chirac.
Les passages concernant les circonstances de la rupture entre Valérie et François m'ont amusé, comme peut m'amuser, un moment, pour ce que ça révèle de nos vies de citoyens-consommateurs, le fait divers impliquant Nabilla. N'ayant pas la télévision, je ne suis pas abreuvé d'images concernant ces infos et lorsque je tombe sur elles en errant sur le net, je me sens libre de cliquer ou pas. Une liberté bien ridicule, j'en conviens, mais à laquelle je tiens. Ça me permet de garder une certaine distance avec tout ce cirque. D'avoir l'illusion d'en être épargné.
Il s'agissait selon les médias d'un torchon-vengeur, mal écrit, stupide, racoleur, opportuniste, pour lequel son auteur aurait touché un à-valoir de 600 000 euros ! Soit. Personne cependant pour s'indigner des méthodes cyniques du futur ex de Julie Gayet. L'intéressé lui-même n'a pas porté plainte contre le livre, à ma connaissance, approuvant implicitement les propos que lui prête son ancienne compagne – répudiée par un communiqué, rappelons-le…
Je comprenais aussi l'énervement suscité par ce livre dans le petit monde de l'édition parisienne. Sa publication allait faire de l'ombre aux vrais livres de la rentrée littéraire, dont je me tiens également bien éloigné depuis que je ne suis plus libraire. Que m'importe que le fils d'Hélène Carrère d'Encausse, également cinéaste, croie en Dieu ou qu'il n'y croie plus et nous inflige un pavé sur le sujet, salué par la presse unanime ? Qu'ai-je à faire du poème en prose qu'un autre écrivain-scénariste-cinéaste-à-succès, à la tête de premier de la classe, consacre à une artiste déportée ? J'ai trop de lacunes dans le domaine littéraire, trop d'envies de découvertes, de noms d'auteurs et de titres d'ouvrages notés sur des carnets, attendant de se retrouver physiquement sur ma table de chevet, croulant déjà sous d'autres livres, que je ne peux perdre mon temps avec de pareilles considérations. La vie est trop courte. Je note juste que lorsqu'une Christine Angot pond des ouvrages autour de ses liaisons avec des personnages publics, ça ne semble déranger personne.
En faisant la vaisselle hier, assisté par ma fidèle compagne la radio, j'apprenais que l'ex-fausse Première dame séjournait à Londres pour la sortie de Thank You For This Moment. La distance était devenue du recul. En retrouvant par la suite quelques papiers haineux sur le net, je m'interrogeais sur les motivations de leurs signataires, quand mon autre compagne, presqu'aussi fidèle que la première, attirait mon attention sur un entretien avec Annie Ernaux, publié dans un magazine féminin. Je n'ai plus en tête les propos exacts de l'auteur de La place, mais elle évoquait les attaques subies par la journaliste de Paris Match de la part de la classe politico-médiatique, des attaques de classe justement. J'apprenais en effet que celle qui vient, nous dit-on, de remporter un beau jackpot éditorial était issue d'une famille modeste et nombreuse, qu'elle avait grandi en HLM, fait l'objet, depuis l'officialisation de sa liaison avec Hollande,  d'enquêtes sur son passé de la part des Renseignements et subi toute sorte d'attaques mues par la jalousie, la haine, pour le simple fait de ne pas être issue du sérail. C'est une interprétation. Et comme j'éprouve pour Ernaux un sentiment proche de l'admiration, je prends en compte sa vision des choses. Je la préfère à celle du priapique et médiatique penseur libertaire, l'imprécateur Michel Onfray, lorsqu'il évoque la libido de Valérie Trierweiler.
Cela dit, je ne parviens pas malgré tout à m'apitoyer sur le sort de l'employée de Lagardère, amoureuse d'un type comme Hollande, s'installant à l'Elysée tout en gardant sa chronique littéraire dans Match, et dont les ailes ont quelque peu brûlé au sommet. 
Je me surprends à regarder ce spectacle de loin, sans prendre la peine de chausser mes lunettes de myope, m'en délectant sur le coup, et l'oubliant aussitôt pour le redécouvrir sous un autre angle un peu plus tard. Personne n'y échappe.

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