mercredi 26 novembre 2014

Ça s'en va et ça revient

Je ne suis pas un spécialiste de la musique espagnole, de sa variété. J'aime en écouter. Cela n'a pas toujours été le cas. Quand on cherche à s'intégrer, presque anonymement, on oublie, on rejette, on nie même parfois ses origines. Aimer les Beatles à 13 ans, le ska à 15, Dylan à 17 ou Ferré et Barbara à 20, ça me permet la distance, rend ringarde la rumba catalane ou le flamenco. Ce qui me lie à mes parents, à mon milieu. Je n'ai jamais revendiqué cette musique en tous cas, l'ai écoutée seul. Sans partage. Internet permet de réparer ces erreurs de jeunesse. Car cette culture populaire, je ne peux finalement y échapper.
Au cours d'une soirée chez Lola, j'ai entendu ce chanteur dont il reste peu d'images aujourd'hui. Bambino, né en 1940, contribua en grande partie à rajeunir la « chanson aflamencada ». Miguel Vargas Jimenez, gitan d'Utrera (Andalousie), tient son nom de scène de la fameuse chanson napolitaine. Sa technique était explosive et lui brisa les cordes vocales. Il meurt en 1999 d'un cancer de la gorge après avoir subjugué bien des admiratrices, et admirateurs. 


C'est également Lola qui m'a fait découvrir ce duo de sœurs gitanes, Las Grecas. Leur histoire est justement une tragédie, digne d'un biopic hollywoodien, avec déchéance dans la drogue pour Tina, la plus jeune sœur, celle qui n'est pas sûre d'elle et de sa chorégraphie, escroquerie de leur manager, remplacement de Tina, trahison, procès, etc. Leur gypsy rock – qui tient principalement à introduire la guitare électrique et la batterie dans cette musique aflamencada – influencera Camaron, l'enfant prodige du flamenco qui fit un virage surprenant à la fin des années 70, causant un scandale digne de celui de Dylan en 1966.

 
Autre duo gitan, celui des deux frères Amaya. Il sévit à la fin des années 1960. Ils n'électrisent pas vraiment, mais leur dégaine laisse rêveur… Cette chanson parle de la méchanceté d'une femme à laquelle il est ordonné de partir… 
 



En 2013, la rockeuse valencienne Bebe reprend la chanson, accompagné par ses créateurs, et je ne sais pas pour vous, mais je trouve ça assez émouvant…



Ça ne nous rajeunit pas, mais que c'est bon !
C'est ici que Camaron a pété les plombs pour certains puristes en rock-popisant Garcia Lorca. On les emmerde disait la crevette de l'île. Le disque qui fut un échec en 1979 est devenu culte. C'est la seule vidéo disponible où l'on voit l'interprétation, alors pardon pour le playback et la coupure de la télévision espagnole.
 

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